Je pourrais commencer à vous raconter ma vie par il était une fois, mais très vite vous seriez déçus. Non pas que ma vie soit une vie de merde, une vie pourrie jusqu’au tas d’os le plus profond, mais tout simplement, parce que vous comprendrez que je suis une folle tout simplement. Vous vous posez des questions ? Alors commençons par le commencement tout simplement.

Je suis américaine, oui on aurait du mal à le croire, je suis rousse, j’ai la peau claire et je m’appelle Jèzabel Hecate Williams. Rien de bien folichon en soi, et pourtant je suis bel et bien américaine, ça s’entend parfaitement à mon accent, non ? Mais où me direz-vous ? Et moi, je vous répondrais à Chicago, la ville des quatre vents ! Si ce n’est pas la classe ça ! Bon, ça a de la classe et même bien plus que mes prénoms. Mon nom de famille, on s’en fiche, ce n’est qu’un nom d’emprunt pour faire plus humaine, vous comprendrez avec la suite des évènements, car oui il s’en est passé des choses dans ma vie et pourtant je n’ai que 25 ans, c’est pour dire !

Vous trouvez normal vous que l’on appelle une petite fille, une gentille et adorable petite starlette comme moi, Jèzabel Hécate. D’ailleurs, je parie que vous ne connaissez même pas ces prénoms, qu’ils ne signifient rien pour vous. Eh bien détrompez-vous tout simplement !!! Allez hop, leçon d’histoire, ainsi vous serez moins bêtes quand vous irez dormi tout simplement. Vous êtes sûrs que le prénom de Jèzabel ne vous dit rien ? Absolument rien ? Pourtant il est connu, je pense que je vous offrirais prochainement un livre d’histoire. Jèzabel est connue de la Bible, une belle et ravissante jeune femme, la Reine d’Israël, mais également la plus grande prophétesse. Elle savait lire l’avenir, mais également le comprendre grâce au passé qu’elle connaissait. Son don de voyance était des plus développés, mais également des plus prisés. Elle fut d’ailleurs tuée, mangée par une horde de chiens affamés, tout simplement parce qu’elle fut accusée de détourner les prophètes du Seigneur. Quant à Hécate, il faut remonter à la Grèce Antique, à la mythologie comme disent les humains. Hécate fait partie de la Triade Lunaire, avec ses sœurs Séléné et Artémis, elle symbolise la nouvelle lune, la lune noire, autrement dit la mort. Déesse de la mort et des ombres, Hécate était redoutée, ses pouvoirs étant largement influencés par l’obscurité de la nuit, mais également par la clarté de la Lune. Elle contrôlait les morts, alors même qu’elle représentait avec ses deux sœurs la fertilité des femmes. Curieux dilemme n’est pas ? Encore aujourd’hui, elle est représentée comme étant la Déesse du carrefour, liant terre, ciel et enfers, les trois niveaux de ce monde. Vous commencez peut être à comprendre pourquoi mes prénoms sont lourds de sens. Pourtant je ne les ai pas eu par hasard.

Lors de ma naissance, mes pouvoirs se sont manifestés pour la première fois : tout d’abord le don de prophétie, quelque chose de bizarre en soi. Comment un bébé peut-il prédire l’avenir ? Et pourtant ce fut le cas. A l’époque, ce n’était en rien comparé à ce dont je suis capable aujourd’hui, bien au contraire. Mais tout de même, ça vaut le détour de le connaitre. J’étais assise par terre, en train de jouer tranquillement avec mon père, sorcier également, d’ailleurs c’est de lui que j’ai hérité le don. Enfin bref, étant une famille de sorcier, nous sommes souvent la cible de nos ennemis, or ce jour, quelqu’un avait décidé de tuer mon père/ Malheureusement pour lui, ce fut un échec. Comme ça d’un coup, je savais qu’un poignard allait arriver dans le dos de mon père, je fis alors une crise, une crise pour avoir mon biberon. Oui, vous pouvez rire, mais ce biberon a sauvé mon père, car une fois debout, un couteau a sifflé dans son dos, et moi, évidemment, je gazouillais contente de moi. Mes parents ont su immédiatement que j’avais le don de prophétie, d’où mon premier prénom : Jèzabel.

Quant au second, l’histoire est plus ou moins morbide, plus ou moins drôle, moi je la trouve drôle, surtout quand je repense à la tête de ma grand-mère et à celles de mes parents. J’avais 2 ans, et je n’étais pas plus haute que trois pommes. C’était un soir d’été comme les autres, il faisait beau et chaud, et en cette nuit de pleine lune, on en profitait. Je regardais tranquillement le ciel étoilé, cherchant à y faire des dessins, jusqu’à ce que mes parents me disent d’aller me coucher, chose que je ne voulais. Je protestais, tapais du pied, en leur criant dessus que ma grand-mère ne m’aurait jamais dit d’aller au lit. En même temps, c’était vrai, un mois auparavant j’avais le droit de m’endormir dans ses bras tout en étant sur la terrasse. Je criais si fort le prénom de ma grand-mère que cette dernière apparut à nous, sortant de terre. SA tombe se trouvait au sein même de son jardin, afin d’éviter que quelqu’un ne nous prenne en otage pour nos pouvoirs après notre mort. Ma grand-mère se tenait là, devant nous, sa tête était à se tordre de rire. Un ver de terre lui sortait du nez d’ailleurs. Quant à mes parents, ce fut encore plus drôle. Ma mère hurla, elle n’avait pas ce don, bien au contraire, elle n’avait que de tout petit pouvoir, comparé à moi. J’avais donc hérité de ma grand-mère cette fois-ci. Quant à mon père, il regardait ma grand-mère se demandant bien ce qui venait de se passer. Ce n’est qu’au moment où ma grand-mère prit la parole que l’on sut que c’était moi qui l’avait appelé. J’avais hérité du don de nécromancie, celui de la mort et des ombres. Autrement dit, j’avais le don de contrôler n’importe quel mort, n’importe quel ombre, et même des vampires. Ce qui était drôlement efficace et jouissif. Vous avez déjà eu l’occasion d’observer une torche humaine ? Moi oui, en amenant à la vie un vampire en plein jour. C’est comme les allumettes, on les allume, ils prennent feu. Enfin, cette histoire m’a valu mon deuxième prénom, celui d’Hécate.

Cependant, comme toute sorcière, je n’ai pas deux mais trois pouvoirs. Le dernier se révéla bien tard et fort heureusement il ne donna pas lieu à un autre prénom. J’en avais ma dose avec les deux premiers. J’avais 14 ans quand ce dernier fit son apparition. Effectivement, si ce dernier pouvoir aurait donné lieu à un troisième prénom, ce serait Circée. Et pourquoi donc ? Vous trouvez peut être ça curieux, mais c’est ainsi, j’ai le don de métamorphose, un donc qui me vient de ma mère, depuis toute petite, ma mère aime se transformer en hirondelle. Tout comme elle, j’arrive à prendre l’apparence d’une autre personne, ou d’un animal. A mon grand dam, ce don est imparfait chez moi, entrainant des conséquences plus ou moins catastrophiques, vraiment catastrophique. Imaginez-vous la situation. Moi, lors d’un spectacle de danse, je chante – car oui, j’ai été danseuse et chanteuse dans ma jeunesse -, quand soudains, j’éternue et me transforme en petite souris devant tout le monde et devant des humains par ailleurs ! Un véritable cadeau du ciel, vous ne croyez pas. Heureusement que l’on a réussi à mettre ça sur le dos d’un tour de passe-passe, un tour de magie. Toutefois, j’eus la honte de ma vie, me transformer en souris devant tout le monde, alors que je faisais tout pour me cacher, c’est une véritable horreur, vous ne croyez pas ? Surtout quand ce genre d’évènement se produit régulièrement. Ma mère désespérait que je ne puisse pas maitriser ce don, alors que j’étais une parfaite prophétesse et nécromancienne, alors pourquoi ce don de métamorphose beuguait ? Rien n’était dit dans le grimoire, ou vous savez le fameux grimoire dans lequel de nombreuses formules y sont recensées, ainsi que des potions que toute sorcière peut maitriser. Mais rien, rien qui nous dise pourquoi ce pouvoir merdait avec moi. Et pourtant j’ai fait de nombreuses tentatives, sans grand succès. De nombreuses fois, mes tentatives furent des échecs, entrainant de drôles de situation. Des situations peu cocaces, dans lesquels je prenais l’apparence de l’un de mes parents ou de toute autre personne pour obtenir ce que je désirais le plus. Sauf que ça tombait généralement à l’eau.

Au fil des ans, j’ai cessé d’essayer ce genre de connerie, usant peu de mon don de métamorphose, je suis même devenu maquilleuse pour mannequin, m’intégrant au sein de la société humaine, me faisant passer pour l’un d’entre eux. Tout comme un humain, je fis des études, tout comme un humain, j’ai passé mon diplôme. Et je suis devenue maquilleuse auprès de grands mannequins. Tout le monde m’adorait. J’avais même quitté ma vie natale, celle de Chicago. J’étais partie vivre à Edimbourg, par envie, mais également pour me rapprocher de ma cousine, Jenny. Depuis toute petite, on se connaissait et chacune allait passer, à tour de rôle des vacances, chez l’autre. Ensemble, nous étions plus fortes, mais je rester plus forte qu’elle tout de même. Pas ma faute, je suis excellente, tout comme je suis bien plus belle qu’elle. Prétentieuse ? Peut-être. Enfin, bref, j’étais partie la rejoindre et grâce à elle, j’ai trouvé rapidement une place au sein de son agence de mannequinat. C’est là que je fis de nombreuses rencontres, photographes, mannequins et autres personnalités. Tout se passait comme sur des roulettes.

Toutefois, toute bonne chose a une fin, et à trop vouloir faire les malines, on se brûle les ailes. Tout comme moi, Jenny était une nécromancienne, sauf qu’elle ne maitrisait pas pleinement son pouvoir, un peu comme moi, avec mon souci au niveau de la métamorphose. Un soir, alors que j’avais décidé de sortir avec l’une de mes nombreuses conquêtes, je l’avais laissé seule à l’appartement, ne pensant pas que quelqu’un viendrait. Mais ce fut le cas, tout comme ce n’était pas elle qui était visée mais moi. Or vu que je n’étais pas là, ce fut elle qui paya le prix fort. Celui de la mort. Il s’agissait d’un vampire, d’un vampire que j’avais éconduit, je ne l’aimais pas du tout et puis sortir avec un cadavre pareil, il y avait de quoi aller s’enfouir six pieds sous terre. Sauf qu’il n’était pas du même avis, pour lui je devais l’appartenir tout simplement. Il se vengea et pensa même me tuer, alors qu’il tua ma cousine, Jenny. A cet instant même, cet instant où je découvrais son corps, je me jurais de la venger. Usant de magie et de formule, je réussissais à retrouver son meurtrier, le vampire en question. La haine me guidant, je le fis mourir dans d’atroces souffrances, jouant avec sa pseudo vie. Depuis ce jour, je n’ai guère de sympathie pour les vampires, même si je ne suis pas non plus pour le camp des Damnés, comme je ne le suis pas totalement pour celui des humains, qui au final ne sont pas si différents de nous. Ces derniers, tout comme les Damnés s’entretuent, se blessent et meurent tout simplement. Alors au final, aucun n’est meilleur, aucun n’est à mettre sur le piédestal.

Alors quand les Damnés décidèrent de revenir sur Terre, je les laissais faire, préférant me tenir à l’écart, préférant ne rien faire d’autres que de garder les bras croisés. Je joue double-jeu dans la cour des grands, continuant de me laisser passer pour humaine parmi les humains, et jouant la comédie auprès des Damnés, les faisant croire que je suis de leur côté. Ma vie n’est peut-être pas aussi calme que je le voudrais, mais je me débrouille bien depuis cet évènement – bienheureux ou tragique comme vous le désirez !